Mythe : Une Maison de soins palliatifs est un endroit morbide | Fondation la Traversée

Mythe : Une Maison de soins palliatifs est un endroit morbide

Plusieurs croient qu’une maison de soins palliatifs est un endroit morbide, à éviter à tout prix. Cette croyance est un mythe.

Certes, c’est un endroit où la tristesse et les larmes font partie du quotidien mais pas que. C’est également un endroit où y cohabitent la sérénité, les sourires au rappel des souvenirs et où les moments de tendresse abondent.

C’est également un endroit où les résidents y accomplissent leurs derniers projets, réalisent leur dernier souhait et complètent leur liste de souhaits. C’est aussi un endroit de grande intimité où on découvre le vécu de nos résidents, leurs accomplissements, et leur histoire. Il y a tant à apprendre quand nous sommes en mode « écoute », quand on se concentre totalement sur la personne face à nous.

Un résident, Monsieur X, s’est donné comme mission de rejoindre tous ses contacts personnels et professionnels afin de solliciter une contribution pour notre Maison. Ce projet l’enthousiasmait. Il prenait plaisir à faire un compte rendu quotidien de ses progrès. Un matin, après la conversation matinale, il me dit « J’ai un programme chargé aujourd’hui, j’ai terminé de contacter mes gens, je dois maintenant faire une vidéo pour dire au revoir à mes abonnés de réseaux sociaux ». Quelques jours plus tard, un Monsieur appelle à la Maison, empressé de recevoir de l’aide. Suite à la demande de notre Monsieur X, il tenait à faire un don et de lui confirmer avoir rempli la mission avant qu’il nous quitte. Quelques jours plus tard, Monsieur X nous a quitté, sa mission accomplie.

À une autre occasion, un résident me confie que la semaine où il a appris la gravité de sa condition médicale a été à la fois la pire et la meilleure semaine de sa vie. La pire bien entendu parce qu’il avait appris que sa condition était terminale et que son espérance de vie se comptait en quelques semaines. La meilleure grâce à l’initiative de sa belle-fille. Cette jeune dame a décidé de se servir des réseaux sociaux pour communiquer la condition de Monsieur Y à leur cercle de connaissances. Le message s’est rendu jusqu’aux enfants de Monsieur X qui vivent ailleurs au pays. Pour diverses raisons, le papa et ses enfants n’étaient plus en contact depuis plusieurs années. Une semaine plus tard, toute la fratrie était réunie autour de Monsieur Y. Pendant quelques jours, la tribu familiale a tissé et documenté l’histoire de la vie de Monsieur Y. La boucle était bouclée, il était prêt à passer à la dernière étape de son parcours parmi nous.

La belle-fille de Monsieur Y avait également invité son entourage à ne pas attendre son décès pour partager leur témoignage mais de lui donner l’opportunité d’en prendre connaissance. La lecture de ces missives était un moment rempli d’émotions, provoquait beaucoup de larmes mais le touchait tellement, le comblait de bonheur et de gratitude. Lors d’un de ces moments, Monsieur Y se reprochait son débordement d’émotion. Pour le rassurer, j’ai partagé l’opinion du grand auteur Khalid Gibran dans le texte « La joie et la tristesse » dans son livre Le Prophète. Coïncidence, ce livre est un de nos préférés. La conversation a bifurqué sur les textes de Mr Gibran. Pendant de longues minutes, nous étions à des années lumières de la maladie, de la mort imminente.

Ces moments de grande humanité, de bienfaisance sont nombreux dans une maison de soins palliatifs et font ombrage à la tristesse. Ce sont des moments à chérir plutôt qu’à fuir.

– Nicole Bourgoin Harlas

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