Pourquoi je suis bénévole à la Maison La Traversée?

Pourquoi choisit-on de devenir bénévole dans un centre de soins palliatifs? Cette question m’a été posée maintes fois depuis que j’ai joint la belle équipe de La Traversée.
Il semble que la majorité de mes collègues ont fait ce choix soit parce qu’ils ont connu l’expérience d’un tel centre lorsqu’ils ont accompagné un proche qui avait choisi d’y vivre ses derniers jours ou encore ce sont des personnes à la retraite qui ont fait carrière dans le domaine de soins de santé et qui souhaitent poursuivre leur vocation dans cet environnement.
Pour moi, le motif est plus « égoïste » dans un certain sens.
Depuis aussi longtemps que je me souvienne, j’ai cru que je ne pourrais pas supporter le décès de mes grands-parents maternels. Je me pratiquais à recevoir l’annonce de leur mort afin de vérifier comment je pourrais y survivre. Cette hantise m’a accompagnée dans ma vie adulte jusqu’au décès de mon grand-père. Pendant les quelques mois entre l’annonce de sa maladie incurable et son grand départ, j’ai pu apprendre à apprivoiser cette mort que je craignais tellement. Ceci fut pour moi un précieux héritage.
Mes réflexions profondes au sujet de la mort ne se sont cependant pas arrêtées, principalement la recherche de pourquoi la mort est un évènement tellement percutant alors qu’elle est la seule certitude connue dès que nous mettons un enfant au monde. Comment pourrais-je développer une approche sereine face à la mort? Une solution était de ne pas fuir le sujet mais plutôt de m’informer, me documenter et éventuellement m’impliquer. Très souvent nous craignons un sujet, une situation, nous croyons une mission impossible jusqu’à ce que nous y plongions tête première. De là m’est venu l’idée de me rapprocher du domaine de soins palliatifs. Difficile de me rapprocher plus près…
Heureusement, ma démarche fut également inspirée par une accumulation d’observations. Depuis le décès de mon grand-père chéri, j’ai perdu quelques êtres chers. Dans mes réflexions, j’ai noté qu’à au moins 3 occasions, certaines de ces personnes ont choisi de m’inclure dans leur cercle rapproché pour les accompagner dans leur dernier droit ou encore pour les apaiser face à l’après. Aucune d’elles n’était membre de ma famille, ma contribution ne fut pas comme proche aidante mais plutôt comme confidente, parce qu’elles me jugeaient apaisante ou encore parce qu’elles étaient rassurées que je pourrais faciliter la réalisation de certains souhaits après leur départ. J’ai interprété leur choix comme des témoignages que j’ai en moi certaines prédispositions qui me permettraient d’avoir un apport positif dans un environnement de support auprès de personnes en fin de vie et/ou auprès de leurs chers.
Je me suis donc rassurée qu’il était correct que je propose mes services si ou lorsque l’occasion se présenterait. Je me sentais moins « égoïste » si je poursuivais la démarche. Je me suis donc donné la permission d’offrir mes services bénévolement dans ma poursuite d’arriver à être sereine face à la mort puisqu’en retour je pourrais contribuer positivement au processus.
Et l’occasion s’est présentée un après-midi dans un supermarché. Il y avait une levée de fonds pour La Traversée qui était encore à l’état de projet. J’ai proposé mes services. Mon parcours professionnel en Service Clients pouvant être un atout.
Déjà, après seulement quelques semaines à côtoyer ces remarquables personnes bienveillantes, familières et expérimentées dans le domaine et après avoir cumuler des heures de présence au poste de l’accueil, j’ai le sentiment que je me rapproche de mon objectif personnel et qu’en cours de route, j’ai eu le privilège d’apporter un petit rayon de soleil dans l’environnement des résidents et de leurs proches qui sont tous résilients et courageux.
Je sais que je suis très privilégiée et j’en suis extrêmement reconnaissante.
– Nicole Bourgoin Harlas